Avel a benn
Ça tabassait dur hier à la pointe de Trémazan, je peux te dire !
La mer balançait des paquets de mauvaise humeur hargneuse contre les rochers arc-boutés sur leurs principes. Les breniks avaient intérêt à bien s'accrocher !
Les goélands planaient, immobiles, comme punaisés dans les rafales. Comme les accents circonflexes à l'envers figurant les oiseaux dans les dessins d'enfants. Les cormorans au long cou, au contraire, luttaient de toute la force de leurs courtes ailes noires. Les lourds chevaux de trait bretons qui paissaient sur la lande, leur large cul au vent, feignaient de rester impassibles.
Le soleil rasant essayait d'envoyer à travers les nuages plombés une lumière d'apocalypse. Ces nuages qui filaient si vite qu'ils découvraient de temps à autre une trouée bleue et lumineuse.
Les embruns, évadés des vagues explosées sur le rivage, se mélangeaient aux gouttes de pluie piquantes comme des clous et floutaient l'horizon où le vert de la mer, devenu gris acier, se mélangeait au ciel.
Du grand spectacle !
Arrivés à Penfoul, nous avons fait demi-tour. Monsieur de K avait les joues salées.