Dino Buzzati
Lecteur fidèle et néanmoins attentif, tu n'es pas sans ignorer, si tu as suivi, que j'ai reçu deux livres à commenter. Voilà le deuxième (offert par les éditions Robert Laffont et Blog-o-book) : Nouvelles oubliées de Dino Buzzati (mais si, tu le connais, son oeuvre la plus connue c'est "Le désert des tartares").
Oubliées pourquoi ? te demanderas-tu, curieux comme je te connais. Et bien oubliées de nous seulement lecteurs francophones, puisque ces nouvelles ont été "oubliées" lors de la traduction de recueils de nouvelles de Buzzati en français, comme nous l'explique la traductrice, Delphine Gachet, dans la préface.
Des nouvelles donc, très diverses, qui parlent de guerre, de mort, de temps qui passe ; mais certaines sont plus gaies qu'on pourrait le croire. Certaines sont poétiques, comme "Nuit après nuit" ou le narrateur dialogue avec les étoiles : elles n'étaient plus (...) au cœur de problèmes de physique désespérants sur lesquels on pouvait consumer une vie entière ; en revanche, il émanait d'elles une incitation ténue et personnelle.
Il y a quand même une nouvelle intitulée "Fausses nouvelles", ce qui est très fort, et une autre intitulée "La croissance du hérisson", bien avant la parution de "L'élégance du hérisson" dont nous parlions dans ces colonnes pas plus tard que dans l'avant-dernière page.
Mais celles que j'ai préférées sont celles qui parlent d'un écrivain qui écrit une nouvelle, comme "Histoire inachevée" ou "Le retour du croquemitaine", une mise en abîme (et je te jure que quand j'ai écrit cette page je n'avais pas encore lu ces nouvelles) dans laquelle l'écrivain entre dans son histoire et arrive même à se faire manipuler par ses personnages : En ce qui me concerne, l'homme de la maison jaune (un des personnage de la nouvelle qu'il est en train d'écrire - ndm), je ne le connais pas, et ce n'est certainement pas moi qui l'ai fait venir. Il est entré dans cette histoire de son propre chef, sans y être invité (...)
Ce Dino est un taquin. Il nous laisse parfois pendant les trois premiers quarts de la nouvelle peiner pour comprendre où on est, de qui ou de quoi on parle, si c'est du lard ou du cochon. Et quand on commence juste à prendre ses repères, paf, il nous laisse en plan avec plein de questions en suspens ! (les littéraires égarés qui passeraient par ici (coucou Pepina) te diraient que c'est justement le principe d'écriture des nouvelles, ou du moins un des principes).
Enfin, tu l'auras compris, j'ai aimé !
Un autre extrait ? va faire un tour sur Fast-portraits, je suis sûre que ça fait un bout de temps que tu n'y es pas passé.