rasta
(je te mets le lien tout de suite pour que tu puisses lire en musique, tu comprendras plus tard pourquoi j'ai choisi cette chanson)
Voilà qu'aujourd'hui s'écroule une croyance bien installée en moi depuis des lustres : rasta ne vient pas de rastaquouére !
Rastaquouère veut dire : individu, habituellement d'origine Sud-américaine, qui étale un luxe voyant et de mauvais goût et dont les moyens d'existence sont suspects (un nouveau riche dirait-on aujourd'hui). Son usage date de la fin du 19e siècle. Il est emprunté à l'hispano-américain (ar)rastracueros qui vient de arrastrar "ratisser" (au Mexique, parce qu'en Espagne ça veut dire traîner) (Pepina nous commentera ça) et de cueros "cuirs, peaux", donc rastracueros = tanneur. Le sens péjoratif du français est probablement dû au fait que beaucoup de Sud-américains à l'élégance tapageuse qui séjournaient à Paris à la fin du XIXe siècle devaient leur fortune récente au commerce des cuirs et peaux. Le mot a perdu son R (rastra -> rasta) en traversant l'Atlantique d'ouest en est. Et il a été repris par les sud-américains, rastacuero, avec le sens péjoratif de rastaquouère, et non plus de tanneur, donc a retraversé l'Atlantique, mais sans récupérer son R perdu à l'aller.
Un petit extrait explicatif "volé" sur le site de la mairie de Dieppe, qui donne une explication légèrement différente de celle du dictionnaire "Trésors de la langue française" dont je me suis inspirée :
Rastaquouère, on imagine que ce mot-là devait rouler dans les gorges aristocratiques avec un délicieux mépris. Ce néologisme fit fureur dans les années quatre-vingts (du 19e, note de moi). Avatar du commerce international, il désigne à l’origine un “traîne cuir”, c’est à dire un sud-américain ayant fait fortune par l’élevage. Ensuite, il sera tout simplement question d’un nouveau riche venu d’ailleurs, parce qu’il faut bien mettre des mots sur la xénophobie. On se gargarise de rastaquouère pour dénoncer la vulgarité d’un aventurier au passé douteux, fraîchement fortuné et décidé à s’offrir… tout !
Evidemment, la première chose qui te vient à l'esprit quand je te dis rastaquouère, c'est la chanson de Serge Gainsbourg "Lola rastaquouère". Mais ne compte pas sur moi pour te mettre les paroles ici, c'est trop coquin !
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Et rasta ça vient de rastafari : nom d'une secte jamaïcaine dont les membres croyaient que l'empereur d'Éthiopie Haïlé Sélassié assurerait leur retour à leur patrie, l'Afrique; Ras Tafari était le nom porté par Haïlé Sélassié (ras « tête, chef » étant un mot amharique). Le mouvement rastafari ne prend vraiment son ampleur qu'au début des années soixante (note de moi : du 20e siècle); il est créé à New-York, dans le ghetto de Harlem, par un Jamaïcain du nom de Marcus Garvey. Rasta désigne plus généralement un adepte d'un retour à la culture africaine et de la musique reggae.
- Mais j'aime plus Marley depuis que j'ai compris ce que veut dire "no women no cry" = pas de femme, pas de pleurs. Traduction : si tu veux pas d'emmerdes, vire ta femme.
- Mais non ! T'as rien compris ... Ou plutôt t'as pas vu la virgule. Il dit "no, women, no cry", ce qui veut dire : "non, femme, ne pleure pas". D'où l'importance de la ponctuation ! Il faudra que j'en reparle une prochaine fois.
- Bon, on est réconciliés avec Bob alors ?...
- Et je t'ai déjà dit que j'avais été élue homme de l'année, mais savais-tu que l'album "Legend" de Bob Marley a été élu un des cent meilleurs albums de tous les temps par Time magazine ? (la preuve)
Bon conclusion : aucun rapport donc entre rasta (fari) et rasta (quouère), mais un petit malin a nommé sa création graphique rasta square. Seulement on dirait qu'il veut pas que je copie son image, mais tu peux aller la voir là.
Et enfin, comme dirait mon collègue NicMo : Jah love be with you !