connivent II

Je pense que tu te rappelles que je t'ai parlé (là) d'un mot nouveau dont il me semblait pouvoir revendiquer la maternité (j'allais pas dire paternité !...) : l'adjectif connivent (le dictionnaire Hachette ne proposant que le nom connivence).

Mais il va falloir que je le concède, je crois que j'ai dû le lire sous la plume de l'excellent Robert Merle et qu'il a dû resurgir postérieurement au bout de mon stylo. (mais non je ne me gratte pas les fesses avec mon stylo, tu comprends rien à rien !)

Je t'ai déjà parlé de Robert Merle à propos des mots adamantin et épitomé. Ça fait un bout de temps tu me diras, mais je suis plongée dans la série "Fortune de France" depuis au moins deux ans. Avant de t'esclaffer bruyamment (deux ans ! ah ah!), sache qu'il y a quand même 12 tomes ! Et là (j'en suis au tome 11 : La gloire et les périls) que trouve-je au détour d'une phrase ?

En gravissant l'escalier monumental qui menait à l'étage noble, il me sembla que l'aïeule de Madame de Brézolle - qui demeurait belle à jamais dans son cadre d'or - me souriait d'un air connivent. (page 55)

and again page 98 : un petit souris connivent; et encore page 158 : un petit brillement de l'oeil fort connivent; und noch page 173 : un regard connivent; y también page 355 : des regards connivents.

Il l'aime bien ce mot Robert, on dirait !

e ne vous avais pas expliqué la première fois l'étymologie de ce mot, enfin pas connivent donc, puisque ça n'existe que chez Monsieur Merle et moi ... mais connivence, ou conniver qui est un verbe ancien.

Le dictionnaire "trésors de la langue française" donne comme exemple :
"J'ai accusé la municipalité parisienne d'avoir connivé avec le ministre des Finances". Non, ce n'est pas encore une affaire mettant en cause Monsieur Chir*c à la mairie de Paris, mais un extrait d'un discours de Marat (nouvelle dénonciation contre Necker) de 1790.

L'étymologie donc. Conniver veut dire : Se rendre complice, en feignant de l'ignorer et/ou en le dissimulant, d'un acte répréhensible qu'on peut et doit empêcher (ça craint ! le sens contemporain est beaucoup moins violent il me semble). Cela vient du verbe latin conivere qui veut dire "cligner ensemble, fermer les yeux".

Et c'est quand même dingue parce que la boucle est bouclée ! c'est exactement le sens de mon commentaires sur la page précédente à Mademoiselle Pepina.

Eh ! T'as pas oublié de voter pour moi, hein ?

Comments

[STV.]

Toujours pris dans le syndrôme de l'escalier (où j'ai dû rater une marche - espérons que ce ne soit pas la première car je risque alors de rater toutes les autres) j'ai cherché un commentaire pertinent, intelligent ou drôle à laisser ici, en remerciement. Et je n'ai rien trouvé d'autre que "merci".

[madamedekeravel]

Bon, tu me défies, j'ai fait une page pour te répondre !

[NicMo]

Certes, cieux et ciels existent, comme aïeux et aïeuls, sauf qu'il y a une différence...
Je préfère faire partie des aïeuls (vivants) sous des ciels changeants que des aïeux (morts) partis aux cieux éternels...

Voilà, mais je pensais que dit par toi, ce serait bien poético-didactique.

Chuis déçu...

[madamedekeravel]

Olivier >> merci pour le soleil ! ça fait du bien !

Pierre >> je n'avais pas pensé à ce problème technique ... je ne voudrais pas qu'on m'accuse de mettre mes lecteurs en danger ! donc clignez d'abord, et volutez dans les degrés ensuite.

NicMo >> je me pète rien du tout d'abord ! cieux mes maris !
http://www.googlefight.com/index.php?lang=en_GB&word1=ciels&word2=cieux

ps : d'après wikitionnaire, les deux pluriels sont admis, pour ces deux mots.

[NicMo]

L'emploi du mot "aïeule" m'oblige à te poser l'interrogation suivante : quand est-ce que tu nous fais un cours sur les aïeuls/les aïeux et les ciels/les cieux ? Hein ?

Plutôt que de te la péter avec tes Fortunes de France qui ne valent pas les Rois Maudits !