Molière expliqué à Mouloud, Brenda et Jérémie
Le Misanthrope - Acte IV SCÈNE II
Personnages : ALCESTE, ÉLIANTE (cousine de Célimène), PHILINTE.
Résumé de la situation : Alceste explique à son ami Philinthe qu'il ne supporte pas les manières hypocrites de la cour. Philinthe lui fait remarquer qu'il n'aurait pas dû alors choisir Célimène pour amante (le terme ayant du temps de Molière un sens beaucoup moins charnel qu'aujourd'hui ...) puisque c'est l'archétype de la cocotte inconstante. Arsinoé, qui en pince pour aimerait s'attirer les faveurs d'Alceste lui prouve que Célimène a un autre amant (elle vient de lui montrer une lettre de Célimène à un marquis, Oronte).
ALCESTE
Ah ! faites-moi raison, Madame, d'une offense
Qui vient de triompher de toute ma constance.
Eliante console-moi, il m'est arrivé la plus grosse
boulette de ma vie ! J'suis trop véner
ÉLIANTE
Qu'est-ce, donc ? Qu'avez-vous qui vous puisse émouvoir ?
Qu'est-ce qui se passe-t-il donc ?
ALCESTE
J'ai ce que, sans mourir, je ne puis concevoir;
Et le déchaînement de toute la nature,
Ne m'accablerait pas, comme cette aventure.
C'en est fait... mon amour... je ne saurais parler.
Ca me tue ! Un raz de marée, un ouragan, un
tremblement de terre ! Elle … c’est trop dur,
je ne peux pas !
ÉLIANTE
Que votre esprit, un peu, tâche à se rappeler !
Quoi ? Accouche !
ALCESTE
Ô juste Ciel ! faut-il qu'on joigne à tant de grâces,
Les vices odieux des âmes les plus basses ?
Pourquoi les filles super canon sont-elles toutes des salopes ?
ÉLIANTE
Mais, encor, qui vous peut...
Qui ?
ALCESTE
Ah! tout est ruiné,
Je suis, je suis trahi, je suis assassiné :
Célimène... Eût-on pu croire cette nouvelle ?
Célimène me trompe, et n'est qu'une infidèle.
C’est mort ! Je suis sur le cul.
Célimène m’a planté des cornes.
ÉLIANTE
Avez-vous, pour le croire, un juste fondement ?
T’es sûr ?
PHILINTE
Peut-être, est-ce un soupçon conçu légèrement,
Et votre esprit jaloux, prend, parfois, des chimères...
T’as des preuves ?
ALCESTE
Ah! morbleu, mêlez-vous, Monsieur, de vos affaires.
C'est de sa trahison n'être que trop certain,
Que l'avoir, dans ma poche, écrite de sa main.
Oui, Madame, une lettre écrite pour Oronte,
A produit, à mes yeux, ma disgrâce, et sa honte;
Oronte, dont j'ai cru qu'elle fuyait les soins,
Et que, de mes rivaux, je redoutais le moins.
Toi mon pote tu me lâche !
Je suis sûr, j’ai reçu par erreur un SMS destiné à Oronte, ce bouffon.
PHILINTE
Une lettre peut bien tromper par l'apparence,
Et n'est pas, quelquefois, si coupable qu'on pense.
Mais t’as pas mal lu ?
ALCESTE
Monsieur, encore un coup, laissez-moi, s'il vous plaît,
Et ne prenez souci que de votre intérêt.
J’t’ai déjà dit de me lâcher, occupe-toi de ton cul !
ÉLIANTE
Vous devez modérer vos transports, et l'outrage...
Calmos !…
ALCESTE
Madame, c'est à vous, qu'appartient cet ouvrage,
C'est à vous, que mon cœur a recours, aujourd'hui,
Pour pouvoir s'affranchir de son cuisant ennui.
Vengez-moi d'une ingrate, et perfide parente,
Qui trahit, lâchement, une ardeur si constante;
Vengez-moi de ce trait qui doit vous faire horreur.
C’est toi Eliante qui dois m’aider, venge moi de ta sans-coeur de cousine,
je suis sûr que t’es d’accord qu’elle a grave abusé .
ÉLIANTE
Moi, vous venger! Comment?
Moi, te venger ! Comment ?
ALCESTE
En recevant mon cœur,
Acceptez-le, Madame, au lieu de l'infidèle,
C'est par là, que je puis prendre vengeance d'elle:
Et je la veux punir par les sincères vœux,
Par le profond amour, les soins respectueux,
Les devoirs empressés, et l'assidu service
Dont ce cœur va vous faire un ardent sacrifice.
Couche avec moi, ça elle s’en mordra les doigts.
Quand elle verra que tu prends ton pied avec moi,
elle se rendra compte de ce qu’elle perd.
ÉLIANTE
Je compatis, sans doute, à ce que vous souffrez,
Et ne méprise point le cœur que vous m'offrez:
Mais, peut-être, le mal n'est pas si grand qu'on pense,
Et vous pourrez quitter ce désir de vengeance.
Lorsque l'injure part d'un objet plein d'appas,
On fait force desseins, qu'on n'exécute pas:
On a beau voir, pour rompre, une raison puissante,
Une coupable aimée, est, bientôt, innocente;
Tout le mal qu'on lui veut, se dissipe aisément,
Et l'on sait ce que c'est, qu'un courroux d'un amant.
OK, j'avoue j’te kiffe grave, et je dirais pas non. Mais tu pourrais changer d'avis.
Si elle revient t’allumer et si tu retournes avec elle, je vais en baver.
ALCESTE
Non, non, Madame, non, l'offense est trop mortelle,
Il n'est point de retour, et je romps avec elle;
Rien ne saurait changer le dessein que j'en fais,
Et je me punirais, de l'estimer jamais.
La voici. Mon courroux redouble à cette approche,
Je vais, de sa noirceur, lui faire un vif reproche,
Pleinement, la confondre, et vous porter, après,
Un cœur: tout dégagé de ses trompeurs attraits.
Non, non, c’est fini pour de bon. Je pourrai pas lui
pardonner ce qu’elle m’a fait. Tiens, la voilà qui se
ramène, elle me fait gerber, je vais lui balancer à
la gueule ses quatre vérités et je reviens m’occuper
de ton cas.
page écrite avec l'aide d'Ophélie (j'ai déjà parlé d'elle là) et Mathilde (j'ai parlé aussi d'elle là)