Journal à rebours d’une fêlure
Elle est partie.
Tout d’un coup les rideaux désassortis du voisin d’en face m’horripilent.
Je vais passer toute cette longue journée à chercher à quel moment j’ai commis la Faute, avec un grand F.
Vendredi 27 avril
En sortant du boulot, je n’ai pas eu envie de rentrer tout de suite. J’ai flâné au centre ville. Il faisait beau, les filles étaient en tenue légère. J’ai bu une bière à une terrasse. En passant devant la librairie, j’ai eu envie d’entrer et je me suis acheté un livre.
Quand je suis arrivé à la maison, le dîner était déjà prêt et la table était mise.
Jeudi 26 avril
Dure journée au boulot aujourd’hui : Lambert est encore venu m’embêter avec son histoire de rapport qu’il faut que je lui rende demain. « Ab-so-lu-ment ! » a-t-il martelé. Il part en déplacement lundi chez un nouveau client. Du coup j’ai été stressé toute la journée. Heureusement le soir il y avait un match de foot sur Canal, ça m’a bien vidé la tête.
Quand je suis allé me coucher, j’ai admiré la courbure du dos de Nina, l’arrondi de son épaule, dans la lumière douce de la lampe de chevet restée allumée pour moi.
Mercredi 25 avril
On dirait le vrai premier jour de printemps ! Quand j’ai ouvert les stores, j’ai été ébloui. Quand j’ai ouvert la fenêtre, j’ai été surpris par la douceur de l’air. Ca sentait le lilas. J’ai eu envie de prendre Nina dans mes bras. Mais elle m’a dit « Non, arrête ! Je suis à la bourre. » et elle est partie, une pomme coincée entre les dents en finissant de boutonner son gilet d’une main.
Mardi 24 avril
Il pleut. C’est gris. Pas envie d’aller bosser … J’ai dit à Nina « Soyons fous ! Si on restait toute la journée au lit aujourd’hui ? ». Puis je me suis rappelé le dossier que je dois boucler pour Lambert, et je suis parti en courant pour essayer d’attraper le bus de 8h05. J’ai oublié de descendre la poubelle. J’espère que Nina va y penser, sinon ça sentira mauvais quand elle va rentrer ce soir.
Lundi 23 avril
Je hais les lundis ! Nina aussi. Elle était d’une humeur de chien ce matin. Je ne peux tout de même pas couper les ponts d’avec mes parents !...
Dimanche 22 avril
Papa et Maman sont venus déjeuner. Maman a mis son nez partout, comme d’habitude, y compris dans le placard de la chambre sous prétexte de chercher un essuie-mains.
Nina avait fait un tajine, fameux, au mouton et aux pruneaux. Du coup Maman nous a raconté pour la Xe fois leur voyage au Maroc, et combien la cuisine marocaine est raffinée, surtout celle qu’on mange là-bas, sur place etc.
Après déjeuner, Papa s’est endormi dans un fauteuil et j’ai fait un Scrabble avec Maman pendant que Nina rangeait la cuisine.
Je suis vanné ! Maman m’épuise !
Walter Sickert - the new home
Samedi 21 avril
Le jour des courses. Horreur ! Malheur !
Heureusement, le soir on est allés boire l’apéro chez Christophe. Sa femme est un peu bécasse, mais lui, si je n’avais pas peur des grands sentiments, je dirais que c’est mon meilleur ami.